Quand j'étais petit, ma mère peignait pendant qu'elle nous surveillait, mon frère et moi, jouant dans la cour. Plus tard, frappée par la maladie d'Alzheimer, et alors que l'oubli effaçait lentement sa mémoire, je dessinais pendant des heures avec elle pour l'aider à échapper les murs de l'hôpital. Il y a longtemps déjà qu’elle ne me reconnaissait plus, mais elle distinguait encore des formes et des visages dans le fouillis de lignes et des couleurs qui s'accumulaient sur sur le papier. Lorsque cela se produisait, elle laissait échapper un petit cri de joie. Cela nous rendait tous les deux très heureux.
Pendant tout ce temps, mon atelier se remplissait de centaines de petites peintures de 10 x 15 centimètres, et habitées des foules discrètes. Je compris plus tard que, par le biais de ces œuvres, je repeuplais par procuration les souvenirs de ma mère. C’était ma façon de tracer un chemin pour le deuil silencieux d’une personne aimée qui était encore là.
En effet, la mémoire, l'imagination et l'identité sont inextricablement liées.
Depuis, ces miniatures ont aussi trouvé une nouvelle vocation : elles contribuent désormais au financement de Cache Studio, un projet axé sur la promotion de talentueux peintres montréalais .
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